Le Dessalement de l’Eau de Mer en Afrique : Défis et Opportunités pour la Sécurité Hydrique
L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est un droit humain fondamental, rappelé en 2010 par la résolution 64/292 de l’Organisation des Nations Unies. Pourtant, à ce jour, près de 40% de la population mondiale manque toujours d’eau potable. Selon l’ONU, d’ici 2030, le quart de la population africaine vivra dans des zones où le stress hydrique sera important. L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est un droit humain fondamental, rappelé en 2010 par la résolution 64/292 de l’Organisation des Nations Unies. Pourtant, à ce jour, près de 40% de la population mondiale manque toujours d’eau potable. Selon l’ONU, d’ici 2030, le quart de la population africaine vivra dans des zones où le stress hydrique sera important. Afin d’y faire face, plusieurs pays se sont tournés vers des ressources en eau non-conventionnelles comme l’eau de mer. En effet, les eaux salines abondantes et accessibles couvrent 75% de la planète. En Afrique, la population côtière est d’environ 20%, mais ce chiffre varie considérablement, allant de plus de 70% dans certains pays d’Afrique du Nord à moins de 10% en Afrique de l’Est.
Le dessalement est un procédé par lequel l’eau saumâtre ou salée est extraite de la mer et transformée par deux technologies principales, notamment l’osmose inverse ou la distillation en eau douce. Cette technique aurait le potentiel d’augmenter la résilience des systèmes d’eau potable en produisant une eau douce abondante et appropriée à tous les usages, indépendamment des conditions climatiques et hydrologiques.
Bien qu’il s’agisse d’une solution potentielle pour pallier aux pénuries d’eau dans les zones à fort stress hydrique, le dessalement reste un processus complexe, coûteux, énergivore, destructeur de l’environnement et de la biodiversité marine. Il nécessite un examen minutieux de divers facteurs tels que la viabilité commerciale, l’écosystème économique et la capacité institutionnelle, pour garantir son succès. En comparaison, la consommation énergétique pour la potabilisation de l’eau de surface (0,02 Kwh/ m3) est de 2,5 à 100 fois moins que celle du dessalement par osmose inverse.
Malgré cela, le dessalement est une opportunité prometteuse pour atténuer la crise de l’eau qui sévit en Afrique. Ce choix demande de l’audace et un investissement important dans la recherche, la technologie et la collaboration internationale. Il peut ouvrir un nouveau chapitre pour le continent dans sa quête pour garantir à chaque citoyen le droit fondamental à l’eau potable.
Au-delà de l’augmentation de la résilience des systèmes d’approvisionnement en eau potable, le dessalement de l’eau de mer permettrait d’atténuer les vives tensions entre les différents usagers des ressources en eau. A cela, s’ajoutent les perspectives de création de nouvelles filières et chaînes de valeurs industrielles, de nouveaux métiers, d’innovations, et des possibilités de croissance économique et de stabilisation sociale, jusqu’ici insoupçonnées.
L’atteinte des Objectifs de développement durable dans de nombreux pays africains exige assurément d’explorer davantage la ressource abondante et disponible qu’est l’eau de mer. Cette option requiert en outre, l’amélioration des instruments normatifs (standards, normes, lois et règlements) ; ainsi que l’adoption de bonnes pratiques pour aussi bien l’autorisation et la saine mise en œuvre des procédés de dessalement.
Nous devons dès lors nous porter vers plus de coopération et de recherche scientifique pour à la fois, diminuer les coûts opérationnels et les impacts sur l’environnement. Une approche prospective concertée s’imposerait par conséquent pour tous les pays ayant des façades maritimes.
Blaise MOUSSA, Directeur Général de CAMWATER (Cameroon Water Utilities Corporation),
Vice-président Afrique-Centrale de l’AAEA
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