Malgré le fait que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement soit reconnu comme un Droit de l’homme depuis 2010, 1 personne sur 3 dans le monde n’a pas accès à de l’eau salubre. Ces données alarmantes, tirées du nouveau rapport commun de l’UNICEF et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont été rappelées le 9 décembre dernier à Ouagadougou, au Burkina Faso, à l’ouverture du symposium international sur la qualité de l’eau organisé par l’Association Africaine de l’eau en partenariat avec l’Office National de l’eau et de l’Assainissement (ONEA) du Burkina Faso et l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID).
Les conséquences de cette situation sont toutes aussi désastreuses. En effet, environ 2,6 millions de personnes meurent chaque année de maladies liées à l’eau, ce qui fait de l’eau insalubre une des premières causes de mortalité au monde. Et l’action de l’homme est pointée du doigt par M. Alassoun Sori, Secrétaire Général du Ministère de l'Eau et de l'Assainissement du Burkina Faso. Pour lui, "l'utilisation incontrôlée de diverses substances nuisibles pour l'agriculture, le développement ces dernières années des activités minières avec l'utilisation incontrôlée de produits chimiques, la déjection des animaux dans les eaux de surfaces, engendrent des pollutions diverses et donc la détérioration de la qualité de l'eau."
Pour faire face à cette situation, M Frédéric François Kaboré, Directeur Général de l’ONEA, appelle à la fédération des acteurs dans une perspective d’atteinte de la cible 3 de l’Objectif 6 de Développement Durable (ODD) qui projette d’améliorer, d’ici à 2030, la qualité de l’eau en réduisant la pollution, en éliminant l’immersion de déchets et en réduisant au minimum les émissions de produits chimiques et de matières dangereuses, en diminuant de moitié la proportion d’eaux usées non traitées et en augmentant considérablement, à l’échelle mondiale, le recyclage et la réutilisation sans danger de l’eau.
M Sylvain Usher, Directeur Exécutif de l’AAE se veut quant à lui pragmatique. Il invite ses pairs à passer à l’action « nous avons un grand défi à relever. Nos pays, et partant, nous, scientifiques, techniciens et chercheurs, devrions redoubler d’efforts en matière de qualité de l’eau. Nous avons l’intelligence, les compétences et les ressources nécessaires pour y parvenir. Agissons dès maintenant car l’agenda des ODD nous l’impose et si nous ne le faisons pas, ce sera à jamais ».
Toutefois, ces actions ne produiront des résultats concrets que si elles sont appuyées par les Etats. C’est pourquoi, la représentante résidante de l’OMS à Ouagadougou, Mme Alimata Jeanne Diarra Nama, invite les gouvernants à une plus grande implication dans les questions d’accès à l’eau potable "Lorsque les gouvernants auront garanti à chacun, l'accès à une eau salubre, un assainissement correct et une bonne gestion des ressources en eau, la lutte contre un grand nombre de maladies connaîtra une avancée énorme" a-t-elle déclaré.
Soulignons que la qualité de l’’Eau n’est pas une question fortuite pour l’Association Africaine de l’Eau. Il s’agit en effet de tout un programme de renforcement des capacités des laboratoires de contrôle de la qualité de l’eau des Sociétés d’Eau, imaginé et mise en œuvre par l’AAE sous le financement de l’USAID. Et ce symposium visait à faire le bilan à mi parcourt des programmes pour permettre aux experts de capitaliser sur les actions qui ont été entreprises ces dernières années et définir les orientations pour une meilleure prise en compte de la qualité de l’eau par les différentes parties prenantes du secteur et en particulier les autorités dirigeantes.