Plus qu’un outil de promotion du service d’eau potable, « Kabala » se pose aussi en régulateur social
L’eau c’est la vie, a-t-on coutume de dire. Ce dicton, plus qu’un adage simpliste, revêt le caractère humain qu’on a le devoir d’offrir à tous. L’initiative du grand Projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bamako à partir de la localité de Kabala, communément appelé « Projet d’eau potable de Kabala », s’inscrit dans cette logique. Ce projet est inédit, par son envergure que par sa structuration et son architecture financières : plus de 172 Milliards de FCFA mobilisés par plus d’une dizaine de bailleurs de fonds pour son financement !
Construction de châteaux et de réservoirs d’eau, pose de canalisation et de conduite de transfert, densification du réseau hydraulique à travers la ville de Bamako et les communes environnantes, telles sont entre autres composantes autour desquelles s’articule le Projet d’eau potable de Kabala. Quid de la grande station de pompage d’une capacité de production de 300 Millions de litres d’eau par jour ? Si ce n’est qu’elle permettra d’offrir de l’eau potable à plus d’un million d’habitants : 1.200.000 de personnes plus exactement…
« Ce projet c’est tout l’espoir de Bamako. S’il n’existait pas, il aurait fallu le créer », confiait un responsable du département de l’Énergie et de l’Eau, lors d’un passage du ministre sur les chantiers à Kabala. En effet, c’est tout Bamako et environ qui seront maillés à travers la pose de plusieurs dizaines de kilomètres de réseaux aussi bien primaires, secondaires que tertiaires. Un tel projet ne peut se faire sans l’adhésion des populations pour qui connait l’urbanisation de la ville de Bamako ces 20 dernières années. Cela est d’autant plus important que les travaux de mise en œuvre du Projet vont nécessiter des impacts tant sur le plan social qu’économique.
Et oui, le revers de la médaille est aussi non négligeable : relocalisation et réinsertion, déplacement des commerces ou autres sites utilitaires, font également parti des impacts du Projet. Inutile de souligner que ces aspects du projet ne vont pas sans grincement de dents, comme c’est le cas à Missira. Qu’à cela ne tienne, l’effet nocif sur le quotidien des populations n’a d’égal à l’impact positif sur le bien-être dans les communes couvertes par le projet. Car au-delà de l’amélioration de l’accès à l’eau potable, le projet d’eau potable de Kabala permettra de recoudre un tissu social fragilisé par le manque d’eau.
« L’impact du Projet d’eau potable de Kabala est incommensurable. Imaginez un peu la quantité d’eau potable qui va être produite : environ 300 Millions de litre d’eau par jour. C’est énorme pour une ville comme Bamako qui ne dispose que d’environ 250 Millions de litres actuellement. Donc c’est dire combien ce projet va révolutionner le secteur de l’hydraulique urbaine dans notre capitale », confie le Coordinateur du Projet de Kabala, Mr Bakary Coulibaly. Autre facteur important, c’est la création de l’emploi. Les chantiers du Projet d’eau potable de Kabala constituent un véritable melting-pot où se côtoient Français, Espagnoles, Chinois, Américains, Maliens, Burkinabés, Ivoiriens, Togolais pour ne citer que ces différentes nationalités… Un très bon outil d’intégration, mais aussi et surtout une vitrine pour notre pays, le Mali, concède encore une fois, le Coordinateur du Projet d’eau potable de Kabala.
En effet, ils sont plus d’une dizaine d’entreprises étrangères et locales à se partager les travaux du Projet d’eau potable de Kabala. Qui pour réaliser les réseaux (primaires, tertiaires ou secondaires), qui pour construire les ouvrages de production et de stockage. Chacune d’elles y trouvent son compte… Du transfert de compétences SUD-SUD et NORD-SUD par le billet de la formation de nos ingénieurs et techniciens à la gestion des grands projets. Et les populations aussi au bénéfice desquelles plusieurs centaines d’emplois sont créés. « C’est l’une des exigences contractuelles qui lient les entreprises à la SOMAPEP-SA, à savoir puiser la main d’œuvre dans le vivier local. Ce qui est jusqu’ici respecté par les entreprises dont la collaboration avec les usagers riverains est très convivial », se réjouit Monsieur Coulibaly.
SCENARIO NON ENVISAGEABLE.
Cette bonne entente, poursuit-il, va se consolider dans les jours à venir. Une campagne de sensibilisation et d’information est en cours auprès des populations riveraines du Projet. Cette initiative, dit-il, vise à informer les habitants des 10 communes couvertes (6 communes de District de Bamako, Kalabancoro, Dialakorodji, Sangarebougou, Moribabougou) par le Projet des différents travaux qui sont en cours ou qui vont démarrer dans les rues. La conduite de ces travaux ne va pas sans incidence. Des tranchés vont être faits dans les rues. Ce qui peut impacter tant soi peu sur la mobilité dans les quartiers, prévient Bakary Coulibaly.
En effet, lancée il y a quelques semaines à la mairie de la commune VI, en présence du maire adjoint, Abdallah Diarra et du Directeur Général de la Société Malienne de Patrimoine de l’Eau Potable (SOMAPEP-SA), Yénizanga Koné, la campagne de sensibilisation et d’information bat son plein dans les communes du District de Bamako. Des communes rurales de Kalabancoro, Sangarébougou, à celle de Dialakorodji, en passant par les six communes du District de Bamako, responsables communaux, élus, notabilités de quartiers et leaders d’association de femmes et de jeunes, ont pu mesuré l’envergure du Projet de Kabala et son impact sur leur vie quotidienne.
« Nous avons initié cette campagne avec l’accord de nos bailleurs de fonds. Il s’agit pour nous de ramener le projet au plus près de vous les populations bénéficiaires. Il n’y a pas un autre moyen de vous faire adhérer au projet que de venir vers vous et vous expliquer ce qui se passe dans vos quartiers et pourquoi. Aidez-nous à faciliter le travail des entreprises sur le terrain. Car plus les travaux durent, plus l’on attendra l’eau du Projet de Kabala. Un scénario que personne n’envisage aussi bien du côté des plus hautes autorités qu’au niveau des bailleurs de fonds », a exhorté le Directeur Général de la SOMAPEP-SA, Yénizanga Koné, au lancement de la campagne à la mairie de la Commune VI.
Plus que des faits divers, les témoignages enregistrés çà et là font état d’explosion de couples et autres divorces faute d’eau dans les foyers. « Pire, encore, le manque d’eau nous empêche d’être de bons musulmans. Car même pour faire ses ablutions il faut de l’eau », soutient Mahamadou Traoré, habitant du quartier de Taliko, tout en soulignant l’impact du projet sur l’éducation de leurs enfants, car l’amélioration du taux d’accès à l’eau permettra d’alléger les jeunes filles de la corvée d’eau. Fini les retards et autres absentéismes des enfants à l’école !
SOUTIEN SANS FAILLE.
Pour l’adjoint au maire de la commune VI, Abdallah Diarra, le Projet de Kabala constitue une initiative qui fera date dans les annales de notre pays. Cet avis est partagé par le secrétaire général de la mairie de Sangarébougou, Boubou Danthioko, qui soutient que le Projet d’eau potable de Kabala est le seul du genre dans le secteur de l’hydraulique urbaine ces 20 dernières années. Ainsi dans les différentes zones, les habitants et les responsables communaux n’ont pas caché leur soutien sans faille au projet. Si le maire de Sangarébougou, Kassim Sidibé, a promis de s’investir pleinement pour recevoir les entreprises et leur faciliter le travail, son homologue de la commune I, Daouda Simpara, a soutenu que sa circonscription sera première dans la mobilisation sociale pour le projet. « La commune I occupe toujours les premières places pour les causes publiques. Il en sera de même pour le projet de Kabala », a-t-il dit. Même assurance du côté de l’adjoint au maire de la commune IV, Adama Konaté, pour qui le Projet de Kabala est celui de la commune IV. Il a assuré que tous les canaux (mosquées, églises, marchés), seront mis à contribution pour sensibiliser et informer les populations sur le projet.
Des assurances qui ont mis du baume au cœur des responsables de la SOMAPEP-SA.