L'Office National de l'Eau et de l'assainissement de Djibouti (ONEAD) se prépare à accueillir les membres de l'Association Africaine de l'Eau dans le cadre de la 80ème réunion du Conseil Scientifique et Technique. En prélude à cette importante rencontre, l'équipe de rédaction de AfWA News a rencontré le Directeur Général de l'ONEAD, M. Mohamed FOUAD ABDO. Cet entretien porte sur les préparatifs du CST et sur la situation de l'accès à l'assainissement et à l'eau à Djibouti.
Pouvez-vous nous présenter l’ONEAD
L’Office National de l’Eau et de l’Assainissement de Djibouti est une entreprise publique à caractère industriel et commercial qui fêtera ses 70 d’existence en 2019. Nous avons été tour à tour un service des eaux crée avec le chemin de fer Franco-Ethiopien, puis Régie des Eaux en 1949, Office National des Eaux en 1970 et, enfin, ONEAD en 2007 né de la fusion de l’ex ONED et de la Direction de l’Assainissement.
Aujourd’hui, l’Office est en pleine mutation et doit relever des défis majeurs, compte tenu de la position géostratégique de notre jeune République, faisant d’elle un hub régional, le développement exponentiel de l’urbanisation et les phénomènes climatiques. Djibouti s’est tourné vers son voisin avec lequel elle entretient des relations séculaires pour pallier le stress hydrique quasi invariable que nous connaissons, en initiant un projet d’aqueduc transfrontalier pour l’acheminement de l’eau potable depuis l’Ethiopie. Ce sont ainsi quelques 358 km de réseau qui ont été posés permettant de disposer à terme d’un volume supplémentaire de 100 000 m3/j. Avec le concours de l’Union Européenne, c’est une usine de dessalement avec une capacité de 22 500 m3 qui sera opérationnel en 2020.
L’ONEAD c’est aussi l’assainissement ; un autre challenge à relever avec la topographie atypique de notre pays. Des solutions sont préconisées, le doublement de la capacité de la STEP (actuellement de 40 000 EH), la construction d’une seconde station d’épuration à Balbala, et les projets pilotes d’assainissement avec des technologies innovantes.
Les 80ème assises du Conseil Scientifique et Technique et Exposition de l’AAE se tiendront du 19 au 23 novembre prochain à Djibouti. Comment l’ONEAD prépare un tel événement ?
Nous avons déjà l’expérience de l’organisation d’un précédent CST en 2008 qui a été un succès. C’est la même équipe qui est en charge des préparatifs de l’événement : je ne mets pas en doute la réussite de cette manifestation. Sont au programme de cet événement des conférences, des ateliers thématiques, projections, ainsi qu’une foire où des professionnels du secteur de l’eau et de l’assainissement exposeront leurs produits ou dernières avancées technologiques relevant de ce secteur-ci. Nos partenaires publics, locaux et internationaux sont également conviés à cet événement et beaucoup nous ont déjà assuré de leur participation. On qualifie souvent Djibouti de terre d’accueil et d’échanges, on tâchera de ne point fausser l’esprit de cette maxime et par la même de ne pas décevoir nos convives grâce à l’hospitalité avec laquelle nous les honorerons.
Le thème proposé par l’ONEAD et le CST est "Innovation technologique au service de l'amélioration des performances et des rendements des opérateurs d'eau et d'assainissement en Afrique" Qu’est-ce qui motive le choix d’un tel thème ? quelles expériences avez-vous à partager sur le sujet ?
Nous initions des technologies innovantes. Dans le domaine de l’eau avec les sondes Kapta de Neroxis Véolia pour la surveillance en temps réel et la sécurisation des réseaux d'eau potable. Cette technologie a été utilisée pour la première fois lors de la COP21. Sur l’aspect assainissement, nous expérimenterons incessamment sous peu la technique de l’assainissement sous vide dans une zone résidentielle de la capitale et comptons l’étendre, à termes, à d’autres quartiers de la ville. Nous développerons également le projet Nadiff center avec Valterra International proposant une solution dénommée WATA SANITATION SYSTEM permettant aux opérateurs privés et publics d’assurer le dépotage et le traitement des matières de vidange en milieu urbain dans des conditions d’impact environnemental optimale.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis des participants ? de l’AAE ?
De l’AAE comme des délégués, un partage d’expériences. J’espère que ce 80e CST permettra de mettre à profit le type de coopération sud-sud. Etant donné que nous sommes du même continent, nous avons de ce fait les mêmes problématiques. J’aimerais que soient partagé des expériences de réussite dans les domaines de management, d’amélioration des compétences des ressources humaines, des techniques eau et assainissement exploitées et des success story dans le domaine social avec des approches participatives.
Quelle est la situation de l’accès à l’assainissement et à l’eau dans le pays et comment l’ONEAD contribue-t-il à son amélioration et à l’atteinte de l’objectif 6 des ODD ?
Nous sommes à pied d’œuvre dans l’atteinte des objectifs de l’ODD 6 avec, notamment, le soutien de nos partenaires au développement. Pour cela, nous favorisons l’accès aux services de l’eau et de l’assainissement avec l’application des politiques tarifaires préférentiels et sociaux en faveur des ménages à faible revenus. Nous travaillons également avec la société civile en vue de démocratiser l’accès à ces services de base. S’agissant de l’aspect sensibilisation, nous collaborons avec la municipalité de Djibouti pour la tenue d’ateliers de formation pour les élus sur les rôles qu’ils doivent tenir auprès de la société civile et des collectivités locales. Dans ces ateliers, nous avons été partenaire avec l’Institut National de l’Administration Publique (INAP) sur la problématique eau et assainissement à Djibouti. Également, le REDFEPEA (Réseau Professionnel des Femmes Professionnelles de l’Eau et de l’Assainissement) a organisé en juillet dernier une journée portes ouvertes dans les installations d’eau et d’assainissement afin de sensibiliser sur le travail quotidien qu’accomplit un distributeur d’eau.