L’accès à l’eau au plus grand nombre est depuis des décennies un des volets du projet social de l’Etat burkinabé. En dépit de nombreuses actions menées, les difficultés d’approvisionnement en eau sont persistantes dans le pays. Elles viennent de deux facteurs contextuels aggravants qui sont la rareté naturelle de l’eau et la croissance urbaine induisant une pression de plus en plus grande sur la ressource disponible et sur les infrastructures existantes. Ouagadougou présente des conditions climatiques et géographiques qui induisent une pénurie d’eau quasi endémique avec un risque permanent de sécheresse. Le réseau hydrographique naturel est très limité. Il se compose d’un unique talweg, le Boulmigou, qui traverse la ville d’est en ouest, auquel est reliée une série de marigots très temporaires, du fait des conditions climatiques. La ville appartient au domaine climatique nord soudanien caractérisé par des amplitudes thermiques annuelles relativement élevées et une pluviométrie très irrégulière. Les précipitations sont importantes en juillet-août au niveau de leur volume et en mai et septembre au niveau de leur force. Une grande partie des précipitations est renvoyée dans l’atmosphère par l’évapotranspiration, réduisant ainsi la quantité de pluie effectivement infiltrée dans le sous-sol. Cette infiltration est en plus compromise par l’imperméabilisation des surfaces urbanisées qui favorisent le ruissellement.
Offrir de l’eau à la population
Pour répondre à l’accroissement continu des besoins en eau, le barrage de Loumbila, situé à 20 kilomètres de la capitale, a été construit en 1970. Par la suite, le déficit pluviométrique de 1983 ayant entraîné le remplissage très partiel des barrages, un programme de développement d’ouvrages de captage exploitant les ressources souterraines a été mis en place, notamment dans les quartiers périphériques de la ville, par la construction de forages mécaniques ou de pompes manuelles. Les forages ne constituent cependant qu’une solution de complément à court terme du fait de l’inexistence de nappes aquifères continues et de grande capacité. En 2006, l’Etat entreprend la construction du barrage de Ziga sur le Nankamba, situé à une cinquantaine de kilomètres de la ville, pour servir de 3ème source d’approvisionnement. Ce barrage doit assurer la durabilité de l’approvisionnement en eau de la capitale.
100% de la population de la capitale dispose de l’eau
D’une capacité de 207,8 millions de m3 d’eau et un bassin versant d’environ 20 800 km2, le barrage de Ziga a été mis en eau en 2000. Il alimente une station éponyme de 12 000 m3 par heure et comporte deux stations d’eau brute (SP1 et SP1 bis), une station de traitement et deux stations de refoulement eau potable (SP2 et SP2 bis). Le barrage permet de produire 12 000 m3 par heure pour les besoins d’environ 2 400 000 et 1 210 Bornes fontaines dans la capitale Burkinabé et environs. Ainsi, le barrage de Ziga à lui seul suffit à couvrir les besoins de la population de la capitale Burkinabé estimée à environ 2 800 000 habitants. La distribution d’eau intermittente dans la capitale n’est plus qu’un lointain souvenir pour les habitants.
Des menaces sur la qualité de l’eau
Les populations riveraines du barrage pratiquent le maraîchage sur les rives et avancent dans le lit du barrage au fur et à mesure que l’eau se retire. Pour lutter contre les insectes et les animaux nuisibles (vers, rats, rats-voleurs, lièvres, perdrix, pintades sauvages, …) qui détruisent leurs légumes, ils emploient des pesticides de synthèse, dont beaucoup sont interdits d’usage. Des fertilisants sont également utilisés. Ce qui constituent une grave menace sur la qualité de l’eau et par ricochet sur la vie des populations. Un autre élément qui menace la qualité de l’eau produite par le barrage de Ziga vient de la nature: les algues, dont le développement est causé par les déjections animales et engrais chimiques. En plus de menacer la qualité et la pérennité de l’eau, ces algues renchérissent le coût de production de celle-ci. En effet, ces végétaux produisent des substances qui donnent à l’eau des odeurs de pourriture et de fosses septiques ainsi que des flaveurs de moisissure mettant en danger la caractéristique potable de l’eau.
Solution naturelle et innovante
Au regard de l’impact négatif des algues sur la qualité de l’eau, le laboratoire environnemental et social de l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA) du Burkina Faso a développé depuis 2010 des solutions alternatives à l’utilisation abusive des produits chimiques. Ainsi, pour venir à bout de ces algues toxiques l’ONEA a introduit dans les eaux du barrage, des poissons planctophages : les tilapias (pour qui ces algues toxiques constituent un aliment principal). En effet, 4,5 millions de tilapias de 50 grammes ont été introduits pour l’épuration des 208 millions de m3 d’eau de Ziga. En termes d’avantages, cette solution permet à l’ONEA de baisser la quantité de produits chimiques utilisés et continuer à servir une eau de qualité. Au bout de 3 ans, les populations sont autorisées à pêcher ces poissons, (non toxiques pour l’homme), ce qui permet d’injecter 315 millions de FCFA dans l’économie.
Mesures de protection
L’ONEA a pris des mesures strictes pour protéger l’eau du barrage des autres sources de pollution. Ainsi, une zone de servitude ou périmètre de protection a été défini autour du barrage pour éviter certains actes de pollution posés par l’homme et l’endommagement des installations de captages. Pour ce faire, Il est formellement interdit de pêcher, en dehors des périodes prévues pour la pêche des tilapias), d’abreuver les animaux et de faire du maraîchage sur les berges, en amont du barrage. La pêche ordinaire n’est autorisée qu’à l’aval. Enfin, afin de lutter contre l’envasement et l’évaporation de l’eau du Barrage, l’ONEA, procède au reboisement progressif de la zone de servitude du Barrage de Ziga.
Un contrôle qualité régulier
À l’instar de toutes les eaux produites au Burkina par l’ONEA, les Eaux du barrage de Ziga sont soumises au contrôle de conformité universelle, notamment les normes (recommandations de l’OMS) en vigueur, pour les paramètres physico-chimiques, organo-leptiques et microbiologiques. Ce contrôle se fait en plusieurs phases: D’abord le suivi à pied d’œuvre, par les agents de production d’eau toutes les deux heures ; ensuite le contrôle interne du Laboratoire Central de l’ONEA au moins une fois par mois, avec capacité de recherche des micropolluants (métaux lourds et pesticides); enfin le contrôle externe du Laboratoire National de Santé public.
Du barrage au robinet
Le barrage de Ziga a été réalisé grâce au financement de 12 bailleurs de fonds et a coûté environ 150 milliards de FCFA pour la phase I, et 107 milliards de FCFA pour la phase II. Sa mise en œuvre vient assurer l’accès universel des populations de Ouagadougou à l’eau potable, mais aussi améliorer la qualité de la desserte en assurant la continuité du service 24h/24, y compris en saison chaude et dans tous les quartiers de la ville capitale. Avec ce projet « barrage de Ziga» l’on peut dire que, l’objectif du Président du Faso, son Excellence Roch Marc Christian KABORÉ, qui s’est engagé à éradiquer la corvée d’eau d’ici 2020, s’est réalisé pour la ville de Ouagadougou. Notons enfin que pour ce qui est de l’accès à l’eau au Burkina Faso, relativement à l’Objectif 6 de Développement Durable, des progrès ont été enregistrés en 2017 avec un taux d’accès à l’eau potable de 66,2% en milieu rural et 91,7% en milieu urbain.