Abidjan (AIP) – Le défi de la gestion et de l’approvisionnement en eau reste entier en Afrique. Environ 40% de la population d’Afrique subsaharienne n’a pas accès à l’eau potable, soit 400 millions d’habitants.
L’eau en Afrique est le premier vecteur des maladies des enfants. Plus de 70 à 80% des maladies en Afrique sont liées à la mauvaise qualité de l’eau.
Le seizième congrès de l’Association africaine de l’eau (AAE), tenu du 20 au 23 février, à Marrakech, au Maroc, s’est appesanti sur la recherche de mécanismes et initiatives novateurs de coopération pour le développement durable du secteur de l’eau et de l’assainissement en Afrique.
Tandis que le sixième Forum mondial de l’eau tenu à Marseille (France) du 12 au 17 mars, sur « le temps des solutions », affirmait que la gouvernance, la coopération, le financement et un environnement favorable pour l’eau sont les conditions du succès à l’accès à l’eau potable.
De nombreux problèmes au plan financier et des infrastructures
D’après les chiffres du ministère ivoirien des Infrastructures économiques, les besoins en investissement dans le secteur de l’eau sont estimés à plus de 645 milliards FCFA dont 162 milliards d’investissements immédiats pour la satisfaction de besoins urgents. L’Etat ivoirien entend investir cette année, 120 milliards FCFA pour faire face aux besoins urgents.
Il faut souligner que les défis en approvisionnement en eau potable demeurent préoccupants en milieu rural et urbain. L’insuffisance des infrastructures de traitement, de stockage et de distribution ainsi que la vétusté et la dégradation des installations, la défaillance dans la gestion et le suivi de l’exploitation des ouvrages aggravées souvent par des cas de sécheresse existent notamment dans les zones sahélo-sahariennes.
Autres difficultés, les infrastructures hydrauliques ne suivent pas l’évolution démographique des villes. L’anarchie constatée dans les constructions immobilières rend l’accès à l’eau difficile, ce qui entraîne des surcoûts importants.
Pour l’AAE, il faut des dispositions réglementaires pour mettre fin à cette anarchie. « Il faut une coordination entre la réalisation des infrastructures immobilières et les infrastructures techniques », suggère le secrétaire général de l’AAE, Sylvain Usher.
La coopération, la collaboration comme solution pour corriger les retards
Il s’est agi pour les acteurs du secteur de l’eau de rechercher des mécanismes nouveaux de financement pour l’accès à l’eau et repenser la gestion de l’eau.
« On est en train de démarrer une collaboration avec les firmes américaines à partir des financements du gouvernement américain sur la problématique de l’eau non comptabilisée ou non facturée, un des fléaux le plus important de nos sociétés d’eau », a révélé le secrétaire général de l’Association africaine de l’eau (AAE), Sylvain Usher.
Le secrétaire général de l’AAE a expliqué que ces fuites peuvent entraîner des pertes de 30 à 40% de l’eau qui est produite à partir des usines de production d’eau.
Le partenariat entre l’AAE et la firme américaine, qui est une collaboration, va permettre d’implémenter des programmes de renforcement de capacité au niveau des sociétés d’eau, pour améliorer la réduction de l’eau non facturée, a expliqué M. Usher.
Ces programmes bénéficient d’un financement de l’USAID qui est une manière innovante d’améliorer les capacités des sociétés d’eau.
Les ministres participants au 6ème Forum mondial se sont s’engagés à promouvoir la coopération dans et au-delà du secteur de l’eau, en tenant compte des intérêts de tous les Etats riverains concernés, pour favoriser la paix et la stabilité.
Ils assurent par ailleurs qu’il est primordial de donner la priorité à l’eau et à l’assainissement dans les allocations budgétaires et dans la coopération internationale, et de faire bon usage des instruments financiers.
« Nous encouragerons une planification financière stratégique et durable, fondée sur une combinaison appropriée de contributions des utilisateurs d’eau, des budgets publics, des financements privés et des canaux bilatéraux et multilatéraux. Nous reconnaissons le besoin d’un recouvrement durable et efficace des coûts, de mécanismes de financements innovants et ciblés sur les pauvres, tels que le paiement pour les services éco systémiques, et de l’investissement privé, dans un esprit de solidarité, de justice et d’équité », ont indiqué les ministres chargés de l’eau au forum de Marseille.
« Les fonds existent dans nos pays mais ils peuvent être mal orientés ou mal utilisés », estime le secrétaire général de l’AAE car, dit-il, « c’est une volonté politique ». Il cite l’exemple de l’Afrique du Sud qui a décidé que 100% de la population doit avoir accès à l’eau potable.
La difficile réalisation des objectifs des OMD pour de nombreux pays africains
Le 6ème Forum mondial de l’eau a réitéré l’engagement des Etats à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), notamment à accélérer l’investissement pour l’atteinte de la cible des OMD qui se rapporte à l’eau et l’assainissement et développer la coopération internationale dans le domaine de l’eau.
L’AAE cite l’exemple du Sénégal qui a institué une organisation pour faire le monitoring des besoins en eau, en assainissement pour atteindre les objectifs du millénaire, dénommée PEPAM, qui travaille avec l’ensemble des structures de l’eau et d’assainissement du pays.
Cette structure a permis de disposer de toutes les statistiques en temps réel. Ce qui a permis de programmer dans les deux, trois et quatre années à venir, le niveau de service d’assainissement requis pour atteindre les OMD.
Un exemple que l’AAE avait présenté au Conseil des ministres africains chargés de l’eau, organe chargé de l’eau en Afrique. « Un exercice qui était très difficile au départ », a souligné le secrétaire général de l’AAE.
En Côte d’Ivoire, dix années de crise ont annihilé les efforts du gouvernement pour réaliser les OMD.
La grande sécheresse dans les pays sahélo-sahéliens liés aux changements climatiques éloigne ces pays de l’objectif 2015.
Le 6ème Forum a recommandé l’incorporation de l’eau dans toutes ses dimensions, économiques, sociales et environnementales, dans un cadre de gouvernance, de financement et de coopération, en s’appuyant sur les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement d’ici 2015 et au-delà .
Il est question aujourd’hui, pour les acteurs du secteur de l’eau en Afrique, de se donner les moyens pour une gestion optimale des ressources en eau, notamment au niveau financier, au niveau des technologies de purification de l’eau et au niveau de la gestion des ressources humaines, à savoir le renforcement des capacités. Mais également, au niveau de l’assainissement mais surtout du développement des collaborations innovatrices pour le renforcement des capacités des entreprises.
(AIP)
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